Apple tranche. Net et précis. Ca fait mal.
Le rapport de Apple avec les développeurs qui contribuent à son enrichissement est une relation parfois houleuse. Hormi certaines interdictions claires liées à la nudité et à la pornographie, les éditeurs de services mobiles décrivent souvent un processus de validation "un peu obscur" de leur application avant entrée sur l'App Store.
C'est à une décision encore plus "dure" que vient de se prêter Apple qui, après avoir validé la nouvelle version internationale de l'application Appgratis en octobre 2012 et sa version iPad au début avril 2013 ,se met à appliquer strictement les dispositions de ses nouvelles conditions générales d'utilisation de l'App Store pour les développeurs. Il en résulte un retrait immédiat de l'App Store de toutes les applications dont l'usage consiste à faire la promotion d'autres applications: parmi elles, Appgratis; une société française présente dans le magasin de Apple depuis 2011.
Appgratis c'est l'entreprise de Simon Dawlat, initiée en 2008. A l'époque l'homme, qui blogue régulièrement des bons plans et des tests d'applications iPhone pour son site Applicationiphone.com, hume l'air américain et y découvre une bonne idée: promouvoir des applications, non plus dans un blog, mais directement dans une application. C'est le principe de Freeappaday, ce sera aussi celle de Appgratuite renommée ensuite Appgratis. L'application devient en quelques années le premier acteur mondial de ce genre de promotion produit, très prisée des annonceurs pour son rendement coût/efficacité.
Voici comment Simon Dawlat, présente l'activité pour BFM début mars 2013. Le jeune patron semble encore confiant à l'époque:
Notons pour être complet que si l'idée de Dawlat a fait naître un certain nombre de "copycats" sans grand intérêt, à la même époque naissent aussi des services très proches, de promotion et de découverte d'application. Citons Appsfire , développé par Ouriel Ohayon ou Appli privée, 3 applis et smartappli des français de Surikate parmi tant d'autres.Tous ces services sont centrés sur la découverte d'applications: qui sur base d'une communauté installée, qui sur base d'outil de recherche en ligne, mais toujours via des options que ne proposent pas les outils d'Apple aux internautes ou aux éditeurs d'applications.
C'est à une décision encore plus "dure" que vient de se prêter Apple qui, après avoir validé la nouvelle version internationale de l'application Appgratis en octobre 2012 et sa version iPad au début avril 2013 ,se met à appliquer strictement les dispositions de ses nouvelles conditions générales d'utilisation de l'App Store pour les développeurs. Il en résulte un retrait immédiat de l'App Store de toutes les applications dont l'usage consiste à faire la promotion d'autres applications: parmi elles, Appgratis; une société française présente dans le magasin de Apple depuis 2011.
Appgratis c'est l'entreprise de Simon Dawlat, initiée en 2008. A l'époque l'homme, qui blogue régulièrement des bons plans et des tests d'applications iPhone pour son site Applicationiphone.com, hume l'air américain et y découvre une bonne idée: promouvoir des applications, non plus dans un blog, mais directement dans une application. C'est le principe de Freeappaday, ce sera aussi celle de Appgratuite renommée ensuite Appgratis. L'application devient en quelques années le premier acteur mondial de ce genre de promotion produit, très prisée des annonceurs pour son rendement coût/efficacité.
Voici comment Simon Dawlat, présente l'activité pour BFM début mars 2013. Le jeune patron semble encore confiant à l'époque:
Notons pour être complet que si l'idée de Dawlat a fait naître un certain nombre de "copycats" sans grand intérêt, à la même époque naissent aussi des services très proches, de promotion et de découverte d'application. Citons Appsfire , développé par Ouriel Ohayon ou Appli privée, 3 applis et smartappli des français de Surikate parmi tant d'autres.Tous ces services sont centrés sur la découverte d'applications: qui sur base d'une communauté installée, qui sur base d'outil de recherche en ligne, mais toujours via des options que ne proposent pas les outils d'Apple aux internautes ou aux éditeurs d'applications.
Le modèle économique d'Appgratis
Le modèle économique de Appgratis consiste à proposer à un éditeur de services mobiles de générer un certain volume de téléchargement de son app, en la proposant au download via un lien dans l'application Appgratis. Appgratis sert de carrousel de nouvelles applications quotidiennes, qu'une communauté importante de découvreurs d'apps invétérés, télécharge si le service est intéressant et la gratuité attrayante.
Le bénéfice est multiple: l'éditeur peut viser un accès au top 50 des téléchargements dans l'AppStore (où par effet d'entraînement il risque de rester ensuite quelques temps), le membre de la communauté Appgratis dispose d'un vivier de nouvelles applications à tester chaque jour pour un prix défiant toute concurrence: Appgratis négocie avec l'annonceur la gratuité de son application pendant toute la durée de la campagne. Un cercle vertueux en somme, où tout le monde tire bénéfice, même Apple qui se garantit des tops applicatifs qui bougent régulièrement.
Je ne peux pas présumer des tarifs exacts de la prestation Appgratis, et il serait discourtois de le faire alors que l'entreprise subit l'ire de Apple, mais on peut au moins évoquer quelques principes de valorisation d'une campagne de promotion d'une application via un "booster d'application" tel Appgratis:
Ce qu'on achète en général pour ce type d'applications:
- un nombre de téléchargements minimum en fin de campagne de promotion gratuite. Ou un côut au clic par téléchargement via le médium qui héberge les applications rendues gratuites.
et/ou
- une position dans le top 10, 25, 50 de l'AppStore.
- une couverture médiatique (blogosphérique) de l'application sur le site de la marque ou des blogs liés vantant les mérites de l'application.
- un rapport d'usage par la communauté: mettant en évidence les points forts et faibles de l'application proposée au téléchargement gratuit.
Une campagne de boost se conclut aussi en convenant avec l'annonceur d'une durée de mise en avant et de l'importance du buzz médiatique promis.
Les chiffres que j'ai vu passer pour ce secteur vont de 2 000€ pour un top 25 à 15>40 000 pour un top 5 avec ou non des garanties de relais médiatiques.
On note que les tarifs et les prestations varient en fonction des boosters. Parfois la communauté qui télécharge l'application est rémunérée pour son geste, parfois pas. C'est parfois spécifié dans la proposition commerciale, parfois pas. Tous les prestataires évoluent au gré des changements de règles des créateurs d'OS, obligeant à de régulières révisions du dispositif type. Tous doivent être inquiets aujourd'hui.
Au fil des années, Appgratis connue des français sous la dénomination Appgratuites, est devenu un des leaders du marché de l'application recommandée. Et dans son billet de réponse au saquage par A pple, Dawlat évoque l'entreprise qu'est devenue Appgratis au fil des ans:
Le bénéfice est multiple: l'éditeur peut viser un accès au top 50 des téléchargements dans l'AppStore (où par effet d'entraînement il risque de rester ensuite quelques temps), le membre de la communauté Appgratis dispose d'un vivier de nouvelles applications à tester chaque jour pour un prix défiant toute concurrence: Appgratis négocie avec l'annonceur la gratuité de son application pendant toute la durée de la campagne. Un cercle vertueux en somme, où tout le monde tire bénéfice, même Apple qui se garantit des tops applicatifs qui bougent régulièrement.
Je ne peux pas présumer des tarifs exacts de la prestation Appgratis, et il serait discourtois de le faire alors que l'entreprise subit l'ire de Apple, mais on peut au moins évoquer quelques principes de valorisation d'une campagne de promotion d'une application via un "booster d'application" tel Appgratis:
Ce qu'on achète en général pour ce type d'applications:
- un nombre de téléchargements minimum en fin de campagne de promotion gratuite. Ou un côut au clic par téléchargement via le médium qui héberge les applications rendues gratuites.
et/ou
- une position dans le top 10, 25, 50 de l'AppStore.
- une couverture médiatique (blogosphérique) de l'application sur le site de la marque ou des blogs liés vantant les mérites de l'application.
- un rapport d'usage par la communauté: mettant en évidence les points forts et faibles de l'application proposée au téléchargement gratuit.
Une campagne de boost se conclut aussi en convenant avec l'annonceur d'une durée de mise en avant et de l'importance du buzz médiatique promis.
Les chiffres que j'ai vu passer pour ce secteur vont de 2 000€ pour un top 25 à 15>40 000 pour un top 5 avec ou non des garanties de relais médiatiques.
On note que les tarifs et les prestations varient en fonction des boosters. Parfois la communauté qui télécharge l'application est rémunérée pour son geste, parfois pas. C'est parfois spécifié dans la proposition commerciale, parfois pas. Tous les prestataires évoluent au gré des changements de règles des créateurs d'OS, obligeant à de régulières révisions du dispositif type. Tous doivent être inquiets aujourd'hui.
Au fil des années, Appgratis connue des français sous la dénomination Appgratuites, est devenu un des leaders du marché de l'application recommandée. Et dans son billet de réponse au saquage par A pple, Dawlat évoque l'entreprise qu'est devenue Appgratis au fil des ans:
- 40 personnes à Paris dont 20 sur l’éditorial (site web et app)
- 6 000 développeurs partenaires
- 30 pays et 12 langues
- 12 millions d’utilisateurs
- 100 000 nouveaux utilisateurs par jour
- 100 millions d’installations réalisées par an sans que la communauté soit payée pour installer l'application
Un business soumis au bon vouloir du "prince" Apple
En mars 2011, j'interviewais Simon Dawlat au sujet de son application récemment sortie de "béta".
Je lui faisais part de mon questionnement: "De quel oeil Apple, généralement frileux et opaque dans la gestion marketing de son store, voyait-il arriver des entreprises comme la sienne?" Simon misait beaucoup sur la relation tripartite générant du bénéfice pour tout le monde. Il ne se voilait pourtant pas la face, mais imaginait être capable à terme, d'établir une relation gagnant-gagnant avec Apple.
Apple à l'époque en était encore, pour la promotion des applications sur son magasin, à se reposer uniquement sur ses équipes marketing nationales. Elles seules décidaient à l'époque sans aucune grille de choix complètement lisible, de mettre en avant telle application plutôt que telle autre dans les espaces de mise en avant du contenu sur le iTunes store. Toute personne qui a un jour eu une application à lancer sur le magasin de Apple savait à l'époque (mais cela a-t-il réellement évolué depuis?) qu'obtenir un contact ferme chez Apple pour discuter de mécaniques de promotion, tenait de la gageure. Mieux, certaines agences de développement mobile faisaient de la proximité avec tel ou tel country manager un argument vente dans leurs propositions commerciales aux commanditaires d'applications.
Je lui faisais part de mon questionnement: "De quel oeil Apple, généralement frileux et opaque dans la gestion marketing de son store, voyait-il arriver des entreprises comme la sienne?" Simon misait beaucoup sur la relation tripartite générant du bénéfice pour tout le monde. Il ne se voilait pourtant pas la face, mais imaginait être capable à terme, d'établir une relation gagnant-gagnant avec Apple.
Apple à l'époque en était encore, pour la promotion des applications sur son magasin, à se reposer uniquement sur ses équipes marketing nationales. Elles seules décidaient à l'époque sans aucune grille de choix complètement lisible, de mettre en avant telle application plutôt que telle autre dans les espaces de mise en avant du contenu sur le iTunes store. Toute personne qui a un jour eu une application à lancer sur le magasin de Apple savait à l'époque (mais cela a-t-il réellement évolué depuis?) qu'obtenir un contact ferme chez Apple pour discuter de mécaniques de promotion, tenait de la gageure. Mieux, certaines agences de développement mobile faisaient de la proximité avec tel ou tel country manager un argument vente dans leurs propositions commerciales aux commanditaires d'applications.
Simon_Dawlat.mp3 (12.41 Mo)
Mais que reproche Apple à Appgratis pour justifier le retrait?
Plus récemment, Jérôme Bouteillier, pour iTweb.TV, posait la même question à Yann Léchelle de Appsfire que moi précédemment à Dawlat: Craint-il les CGU de Apple?
Léchelle, comme Simon Dawlat, évoque (à 5'44'') le risque de voir les "boosters d'applications" se faire effectivement retoquer par Apple pendant une période "punitive" avant que ne naisse un nouveau modèle gagnant - gagnant- gagnant dans lequel Apple croquerait enfin le gâteau de ce type de promotion au même titre que le développeur de l'application booster et son que son commanditaire. Aucune des entreprises n'imaginait que Apple saque complètement un business juteux auquel la pomme aurait pu simplement croquer en exigeant le partage avec ce type de partenaires.
Aucune des entreprises aujourd'hui dans le colimateur de Apple n'a repéré ou n'a voulu croire que sa solution de promotion indépendante puisse entrer en complète inadéquation avec la "saine méritocratie" voulue et annoncée par Apple pour ses tops téléchargements. Toutes ont toujours su qu'elles étaient à la merci d'un changement d'attitude de Apple à leur encontre; mais elles ont toutes eu une confiance aveugle dans leur capacité à négocier avec la marque à la pomme, sur base du volume d'affaire généré. Dawlat par exemple, le savait dès 2011 comme il le dit dans l'interview. J'imagine que ce risque de dégradation du rapport avec Apple, il l'a calculé dès le début de l'aventure Appgratis, notamment auprès des financiers de l'entreprise. On ne lève pas plusieurs millions d'Euros sans un minimum d'étude des risques.
En 2011 Appgratuites a fait ce qui s'avère aujourd'hui une erreur: proposer une déclinaison différente de son application dans chacun des stores nationaux où l'app booster adresse une communauté et des clients annonceurs différents. Ce faisant l'équipe a eu à gérer plus de vingt versions différentes de l'application (chapeau aux chargé de projet) et s'est mise en difficulté en cas de modification inopinée des CGU de Apple. Une modification de CGU apparue de fait subrepticement courant 2012, soit quelques semaines après la décision de multiplier les "builds" régionales de l'application.
Quand Apple décide de retirer Appgratis, du jour au lendemain, Simon Dawlat qu'Apple ne prend pas la peine de contacter, suppose que c'est effectivement pour un non respect des guidelines, même si au début il imagine pouvoir expliquer ses arguments et contredire la décision de Apple à très court terme;
En effet dans le point 2.20 des nouvelles conditions d'utilisation 2012 du Developer Program iOS, l'équipe Appgratis a repéré ce que suit:
Léchelle, comme Simon Dawlat, évoque (à 5'44'') le risque de voir les "boosters d'applications" se faire effectivement retoquer par Apple pendant une période "punitive" avant que ne naisse un nouveau modèle gagnant - gagnant- gagnant dans lequel Apple croquerait enfin le gâteau de ce type de promotion au même titre que le développeur de l'application booster et son que son commanditaire. Aucune des entreprises n'imaginait que Apple saque complètement un business juteux auquel la pomme aurait pu simplement croquer en exigeant le partage avec ce type de partenaires.
Aucune des entreprises aujourd'hui dans le colimateur de Apple n'a repéré ou n'a voulu croire que sa solution de promotion indépendante puisse entrer en complète inadéquation avec la "saine méritocratie" voulue et annoncée par Apple pour ses tops téléchargements. Toutes ont toujours su qu'elles étaient à la merci d'un changement d'attitude de Apple à leur encontre; mais elles ont toutes eu une confiance aveugle dans leur capacité à négocier avec la marque à la pomme, sur base du volume d'affaire généré. Dawlat par exemple, le savait dès 2011 comme il le dit dans l'interview. J'imagine que ce risque de dégradation du rapport avec Apple, il l'a calculé dès le début de l'aventure Appgratis, notamment auprès des financiers de l'entreprise. On ne lève pas plusieurs millions d'Euros sans un minimum d'étude des risques.
En 2011 Appgratuites a fait ce qui s'avère aujourd'hui une erreur: proposer une déclinaison différente de son application dans chacun des stores nationaux où l'app booster adresse une communauté et des clients annonceurs différents. Ce faisant l'équipe a eu à gérer plus de vingt versions différentes de l'application (chapeau aux chargé de projet) et s'est mise en difficulté en cas de modification inopinée des CGU de Apple. Une modification de CGU apparue de fait subrepticement courant 2012, soit quelques semaines après la décision de multiplier les "builds" régionales de l'application.
Quand Apple décide de retirer Appgratis, du jour au lendemain, Simon Dawlat qu'Apple ne prend pas la peine de contacter, suppose que c'est effectivement pour un non respect des guidelines, même si au début il imagine pouvoir expliquer ses arguments et contredire la décision de Apple à très court terme;
En effet dans le point 2.20 des nouvelles conditions d'utilisation 2012 du Developer Program iOS, l'équipe Appgratis a repéré ce que suit:
« Developers “spamming” the App Store with many versions of similar Apps will be removed from the iOS Developer Program. »
Soit en français: "les développeurs qui spamment l'App Store avec plusieurs versions de la même applications seront bannis du IOS developper program". En Octobre 2012, Appgratis a subi effectivement un premier refus de validation Apple au nom de cette règle qui était restée jusqu'ici transparente et indolore. Dawlat imagine qu'une bonne discussion avec Apple et quelques nuits blanches pour les équipes de développement pourraient amener l'entreprise à revenir sur son choix de 2011 et concentrer l'ensemble des usages dans une et une seule application réintégrée. Serein de prime abord, il reste cependant face à un Apple officiellement muet.
Dawlat et ses équipes continuent la recherche de cause de retrait le weekend dernier et imaginent que Appgratis viole aussi le point 2.12 de ces guidelines qui dit que:
Dawlat et ses équipes continuent la recherche de cause de retrait le weekend dernier et imaginent que Appgratis viole aussi le point 2.12 de ces guidelines qui dit que:
« Apps that are not very useful, unique, are simply web sites bundled as Apps, or do not provide any lasting entertainment value may be rejected." »
"Les applications qui ne sont pas très utiles, uniques, qui sont simplement des sites web encapsulés ou qui ne procurent pas un divertissement durable, peuvent être rejetées". Là je note que au titre de ces conditions les applications de Ecan Mobile peuvent comme toute la presse française par exemple, se voir refuser l'entrée sur le store; au vu de ce qu'elles ne sont généralement que des présentations différentes et non durables d'un site web ou d'une version papier. C'est assez limite même, en matière de prérogatives de Apple pour se garder le droit de gestion de son store. Car tout ou presque peut rentrer dans ce point 2.12. passe-partout. C'est sans doute fort de cette évidence que les équipes d'Appgratis attendaient sereinement de pouvoir défendre leur cause auprès de Apple. Rien ne vient.Apple se justifie par voie de presse
Finalement après un communiqué officiel de la firme publié dans le Wall Street Journal lundi 8 avril 2013, Appgratis apprend que ce sont deux autres violations des guidelines, que Simon et ses équipes avaient pointées dans leur recherche, qui ont amené de facto au retrait de l'application du magasin de Apple. La marque à la pomme signale au journal new-yorkais que Appgratis (et d'autres) viole(nt) le point 2.25 des guidelines:
"Les applications qui proposent l'affichage d'autres applications à l'achat ou en promotion, d'une manière similaire ou qui pourrait être confondue avec l'App Store, seront rejetées" . On note l'ironie d'une guideline née quelques deux ans après le lancement du service, aptes à plomber en une phrase toutes les promesses d'un business modèle efficace. Appgratis a justement travaillé toute l'ergonomie de son application pour qu'elle ne puisse pas être confondue avec l' App Store. C'est la douche froide et une décision apparemment sans possibilité d'appel.
« Apps that display Apps other than your own for purchase or promotion in a manner similar to or confusing with the App Store will be rejected. »
"Les applications qui proposent l'affichage d'autres applications à l'achat ou en promotion, d'une manière similaire ou qui pourrait être confondue avec l'App Store, seront rejetées" . On note l'ironie d'une guideline née quelques deux ans après le lancement du service, aptes à plomber en une phrase toutes les promesses d'un business modèle efficace. Appgratis a justement travaillé toute l'ergonomie de son application pour qu'elle ne puisse pas être confondue avec l' App Store. C'est la douche froide et une décision apparemment sans possibilité d'appel.
Apple étrille l'entreprise en signalant que Appgratis viole également le point 5.6, des nouvelles guidelines: "Les applications ne peuvent utiliser les notifications Push pour envoyer de la publicité des promotions ou du marketing direct d'aucune sorte".
Le coup est dur pour Simon Dawlat qui faute d'arriver à identifier le décisionnaire chez Apple auprès de qui plaider sa cause, est contraint de poster son explication et sa lettre ouverte sur le blog de Appgratis. Je note en observateur externe qu'au rythme des modifications des CGU de Apple, il est plus que difficile d'établir même n'importe quel business modèle durable au travers de l'App Store. Si je voulais y aller à l'ironie je demanderais quel éditeur d'application parmi ceux qui me lisent ici ont vraiment parcouru la totalité des évolutions des CGU du developer program après avoir déposé leur app il y a un an ou deux? Si ça se trouve, l'application que nous avons tous posé pour faire vivre notre marque sur iPhone est désormais hors la loi fruitière.
La ministre des PME française, mise au courant de l' affaire Appgratis a choisi son camp national. Il va dans le sens d'un soutien à une entreprise française, a précisé la ministre, et non comme je l'ai lu sur Twitter, dans celui de la prise de parti en un différent commercial entre deux entreprises privées.
« Apps cannot use Push Notifications to send advertising, promotions, or direct marketing of any kind. »
Le coup est dur pour Simon Dawlat qui faute d'arriver à identifier le décisionnaire chez Apple auprès de qui plaider sa cause, est contraint de poster son explication et sa lettre ouverte sur le blog de Appgratis. Je note en observateur externe qu'au rythme des modifications des CGU de Apple, il est plus que difficile d'établir même n'importe quel business modèle durable au travers de l'App Store. Si je voulais y aller à l'ironie je demanderais quel éditeur d'application parmi ceux qui me lisent ici ont vraiment parcouru la totalité des évolutions des CGU du developer program après avoir déposé leur app il y a un an ou deux? Si ça se trouve, l'application que nous avons tous posé pour faire vivre notre marque sur iPhone est désormais hors la loi fruitière.
La ministre des PME française, mise au courant de l' affaire Appgratis a choisi son camp national. Il va dans le sens d'un soutien à une entreprise française, a précisé la ministre, et non comme je l'ai lu sur Twitter, dans celui de la prise de parti en un différent commercial entre deux entreprises privées.
Demain à 11H chez @appgratis, je m'exprimerai sur la neutralité des plateformes et les actions que l’Etat souhaite engager #NetNeut #Apple
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 10 avril 2013
In the appstore’s listings, plenty of apps similar to @appgratis remain, that appear to violate 2.25 and/or 5.6... #levelplayingfield ?
— Fleur Pellerin (@fleurpellerin) 10 avril 2013
"Dans le listing de l'App Store beaucoup d'applications similaires à @appgratis demeurent, qui semblent violer 2.25 et / ou 5.6" des conditions d'utilisations. #Levelplayingfield", c'est-à-dire l'équité des règles en place pour tous les acteurs du secteur.
Développer des services Apple
Chez Apple et par voie de presse, on signale que si on a coupé l'accès à Appgratis, c'est parce qu'en violant au moins deux clauses des CGU, la société tronque ouvertement la saine compétition entre développeurs pour atteindre les hauteurs du classement des téléchargements. C'est aussi l'avis de certains développeurs d'applications (parfois concurrentes) qui pestent contre certaines des méthodes commerciales d' Appgratis pour gonfler le volume de téléchargement à un instant T, main main dans la main avec l'annonceur.
C'est le discours officiel de Apple en tous cas. Il suffit de regarder sous le capot de la machine, pour se rendre compte qu'en coulisses la compétition ne se joue pas uniquement sur la qualité intrinsèque de l'application. Importante est aussi la capacité du développeur d'application à convaincre un des responsables du marketing régional de Apple de promouvoir son "rejeton" dans les zones de "mise en avant" de iTunes. Des corners bien visibles, voie royale à un pic de téléchargement de ladite application, dont le fonctionnement n'est ni très documenté, ni très lisible, ni très... neutre, pour utiliser un terme cher aux internets contemporains.Les règles du jeu de la promotion d'une application dans le magasin d'appel ne sont ni très claire, ni assorties d'aucune certitude sur le traitement réservé par Apple aux arguments qui plaident en faveur d'une mise en avant d'application. Vous avez dit saine méritocratie? Vous vous plaignez qu'Appgratis tronque les classements. Sérieusement et sans naïveté?
Faut-il voir plutôt dans l'arrêt de Appgratis une manière de s'assurer que iAd, balbutiant malgré plusieurs années de présence dans le portefeuille de services Apple, reste le seul et unique moyen proposé à l'écosystème Apple de monétiser la promotion via l'AppStore? C'est plus que probable. Apple a toujours été chatouilleux sur tout ce qui touche de près ou de loin à de la monétisation alternative, ou du retour d'expérience non Apple. On se rappelle que la firme a récemment masqué l'UDID (l'identifiant) du téléphone pour tuer dans l'oeuf tous les outils de statistiques alternatifs à l'iTunes connect. Il ne serait pas étonnant qu'Appgratis soit une première fermeture pour l'exemple et que soient prochainement bannies du store toutes les applications du même type. Mais aussi, pourquoi pas, à moyen terme toutes les applications qui ont recours à une régie publicitaire in App qui n'ait pas, mettons, signé un accord financier avec Apple.
C'est le discours officiel de Apple en tous cas. Il suffit de regarder sous le capot de la machine, pour se rendre compte qu'en coulisses la compétition ne se joue pas uniquement sur la qualité intrinsèque de l'application. Importante est aussi la capacité du développeur d'application à convaincre un des responsables du marketing régional de Apple de promouvoir son "rejeton" dans les zones de "mise en avant" de iTunes. Des corners bien visibles, voie royale à un pic de téléchargement de ladite application, dont le fonctionnement n'est ni très documenté, ni très lisible, ni très... neutre, pour utiliser un terme cher aux internets contemporains.Les règles du jeu de la promotion d'une application dans le magasin d'appel ne sont ni très claire, ni assorties d'aucune certitude sur le traitement réservé par Apple aux arguments qui plaident en faveur d'une mise en avant d'application. Vous avez dit saine méritocratie? Vous vous plaignez qu'Appgratis tronque les classements. Sérieusement et sans naïveté?
Faut-il voir plutôt dans l'arrêt de Appgratis une manière de s'assurer que iAd, balbutiant malgré plusieurs années de présence dans le portefeuille de services Apple, reste le seul et unique moyen proposé à l'écosystème Apple de monétiser la promotion via l'AppStore? C'est plus que probable. Apple a toujours été chatouilleux sur tout ce qui touche de près ou de loin à de la monétisation alternative, ou du retour d'expérience non Apple. On se rappelle que la firme a récemment masqué l'UDID (l'identifiant) du téléphone pour tuer dans l'oeuf tous les outils de statistiques alternatifs à l'iTunes connect. Il ne serait pas étonnant qu'Appgratis soit une première fermeture pour l'exemple et que soient prochainement bannies du store toutes les applications du même type. Mais aussi, pourquoi pas, à moyen terme toutes les applications qui ont recours à une régie publicitaire in App qui n'ait pas, mettons, signé un accord financier avec Apple.
Doit-on imaginer aussi d'autres scénarios pour justifier le retrait soudain? Là je m'avance, mais je pense que oui. En octobre 2012 Apple a arrêté le service de Chomp, une startup rachetée par Cupertino en 2009. Chomp était un moteur de recherche à la Appsfire ET une application à la Appgratis. Vous n'en avez pas entendu parler? Rassurez-vous moi non plus avant de préparer cet article. On peut légitimement penser à deux conséquence qui ont impacté Appgratis: soit le retour d'expérience n'était pas bon pour la marque à la pomme, et Apple décide du coup de fermer tout service rentable utilisant les mêmes ficelles que celles de son échec Chomp.
Soit, et ça me semble plus probable, Apple travaille sur une solution de liens sponsorisés et un étoffement de ses structures publicitaires. Cette hypothèse correspondrait bien avec les rumeurs d'arrivée d'Ipad et iPhone low cost, chargés de rivaliser avec les gammes Nexus, Nexus 7 de Google et Kindle d'Amazon. Dans ce cadre, Apple ne peut pas tolérer de laisser aux annonceurs d'autres canaux que les siens pour promouvoir une application sur ses services. Reste à espérer, si ma réflexion se vérifie, que la proposition de valeur et l'outil mis en place par Apple soient à la hauteur des espérances des annonceurs et ne ralentisse pas le marché que les analystes voient exploser dans les années à venir.
Pour les équipes de Appgratis, assommées, mais pas encore mortes notamment du fait de l'existence d'une version Androïd, ne reste guère à mon sens que l'obligation de "pivoter", c'est à dire changer de canal ou de forme d'activité. On sait l'exercice difficile et on a tous en tête la mésaventure de Loïc Le Meur dont l'application Seesmic connectée à Twitter, a du pivoter plusieurs fois au cours de sa carrière. On espère pour Simon Dawlat - dont la belle aventure et l'enthousiasme sont communicatifs- qu'il aura plus de succès dans l'exercice que Le Meur, affaibli d'abord puis rendu exsangue à cause du rachat de ses concurrents par Twitter, finalement défait par un rapprochement hasardeux de Seesmic avec Salesforce.
Pour toutes les autres applications répliquant de près ou de loin la formule mise en place par Appgratis, les jours me semblent également comptés. Même si toutes continuent de bomber le torse ou d'accabler les méthodes Appgratis. Alors qu'il serait si simple à Apple de proposer une offre de rachat des plus efficaces, pour brûler un peu de ce tout ce cash annuel excédentaire ;-) Mais les financiers sont rarement philanthropes. Je suis sûr que les entrepreneurs français stars du genre, y verraient une sortie honorable.
Soit, et ça me semble plus probable, Apple travaille sur une solution de liens sponsorisés et un étoffement de ses structures publicitaires. Cette hypothèse correspondrait bien avec les rumeurs d'arrivée d'Ipad et iPhone low cost, chargés de rivaliser avec les gammes Nexus, Nexus 7 de Google et Kindle d'Amazon. Dans ce cadre, Apple ne peut pas tolérer de laisser aux annonceurs d'autres canaux que les siens pour promouvoir une application sur ses services. Reste à espérer, si ma réflexion se vérifie, que la proposition de valeur et l'outil mis en place par Apple soient à la hauteur des espérances des annonceurs et ne ralentisse pas le marché que les analystes voient exploser dans les années à venir.
Pour les équipes de Appgratis, assommées, mais pas encore mortes notamment du fait de l'existence d'une version Androïd, ne reste guère à mon sens que l'obligation de "pivoter", c'est à dire changer de canal ou de forme d'activité. On sait l'exercice difficile et on a tous en tête la mésaventure de Loïc Le Meur dont l'application Seesmic connectée à Twitter, a du pivoter plusieurs fois au cours de sa carrière. On espère pour Simon Dawlat - dont la belle aventure et l'enthousiasme sont communicatifs- qu'il aura plus de succès dans l'exercice que Le Meur, affaibli d'abord puis rendu exsangue à cause du rachat de ses concurrents par Twitter, finalement défait par un rapprochement hasardeux de Seesmic avec Salesforce.
Pour toutes les autres applications répliquant de près ou de loin la formule mise en place par Appgratis, les jours me semblent également comptés. Même si toutes continuent de bomber le torse ou d'accabler les méthodes Appgratis. Alors qu'il serait si simple à Apple de proposer une offre de rachat des plus efficaces, pour brûler un peu de ce tout ce cash annuel excédentaire ;-) Mais les financiers sont rarement philanthropes. Je suis sûr que les entrepreneurs français stars du genre, y verraient une sortie honorable.
Et pour terminer mon papier en donnant une once de baume au coeur aux équipes de Appgratis, je note que j'ai rarement vu un communiqué de blog dans le secteur high tech susciter une telle empathie des réseaux sociaux. Je me joins au concert et souhaite à Simon Dawlat et aux équipes de Appgratis de trouver une sortie "par le haut" de ce coup de hache dans le contrat de mariage avec Apple.