👩🏻 C’est l’heure de notre chronique Mobile Business avec Jerome Bouteiller, fondateur de ECRAN MOBILE, qui s’intéresse cette semaine à la transformation des smartphones en véritables terminaux de paiement. Un questionnement lié à l’actualité je crois ?
🧔🏻 Bonjour Delphine. oui vous avez du suivre ces derniers mois les aventures d’Ingenico, ce spécialiste français du paiement, créé en 1980, et qui s’était hissé parmi les géants du terminal de paiement électronique, ces petits boitiers qui permettent aux commerçants ou aux restaurateurs d’encaisser les paiements par carte de leurs clients.
En une quarantaine d’années, Ingenico a écoulé plus de 300 millions de TPE, auprès de 550 000 commerçants, répartis dans 170 pays.
Un succès qui a d’abord suscité l’intérêt de son compatriote Worldline, qui a dépensé près de 8 milliards d’euros pour le racheter en 2020, mais que ses actionnaires ont finalement décidé de revendre, en février dernier, à peine 2 milliards d’euros, soit le quart de son prix d’acquisition…
👩🏻 Comment expliquer une telle baisse de sa valeur ?
🧔🏻Les deux années de crise Covid ont d’une part fragilisé de nombreux commerçants, qui sont les clients historiques d’Ingenico, mais cette dépréciation est également liée à la concurrence de nouvelles Start-up comme le britannique SumUp, le suédois iZettle ou l’américain Block, qui ont commencé à utiliser les smartphones pour remplacer les terminaux de paiement.
Ces start-up combinent généralement un petit boitier faisant office de lecteur de carte bancaire, avec une application placée sur les smartphones de leurs clients professionnels.
Si iZettle a été racheté par Paypal pour plus de 2 milliards de dollars, la référence c’est Block et sa solution Square, lancée par Jack Dorsey, également co-fondateur de twitter, qui revendique déjà un chiffre d’affaires annuel de plus de 17 milliards de dollars et une valorisation de 57 milliards de dollars, près de 30 fois supérieure à celle d’Ingenico !
👩🏻 Des fintech qui pourraient à leur tour être disruptées ?
🧔🏻 Oui clairement car l’avenir n’est plus aux équipements dédiés - les américains parlent de hard Point of Sales - mais aux seuls logiciels, les « Soft Point of Sales » ou « Soft Pos », capables de transformer un smartphone en terminal de paiement sans contact.
On peut par exemple citer des applications comme MyPOS, Déjà Mobile ou encore Phos, qui permettent de transformer un smartphone Android en terminal de paiement capable d’encaisser un paiement sans contact par carte ou par smartphone.
Et dans l’univers iOS, Apple a racheté une Start-up baptisée Mobeewave afin de lancer sa propre solution, « baptisée Tap to Pay », permettant d’utiliser un iPhone comme un terminal de paiement pour encaisser les paiements NFC, directement de smartphone à smartphone.
👩🏻 Des paiement sans contact qui deviennent majoritaires ?
🧔🏻 Oui nous en avions déjà parlé l’année dernière avec l’observatoire de la Banque de France, qui estimait que le paiement sans contact représentait 36% des transactions en 2020.
Mais selon l’observatoire des paiements Cetelem, parue la semaine dernière, cette proportion serait montée à 53% en 2021, rendant les paiements sans contact désormais majoritaires en France.
Même pour l’achat d’une baguette de pain, 76% des Françaient auraient recours à une solution sans contact, preuve de la démocratisation de ces technologies.
👩🏻 Un futur radieux pour le sans contact et les Soft POS sur smartphone ?
🧔🏻 Si l’avenir est clairement au sans-contact, il ne représente encore que la moitié des paiement par carte. Les commerçants ne doivent donc pas sauter les étapes sous peine de ne pas pouvoir encaisser des clients, qui ne seraient pas équipés de ces technologies.
Il existe par ailleurs des alternatives au paiement sans contact, avec par exemple l’usage de QR Code, comme le proposent WeChat Pay ou AliPay en Asie.
Mais d’ici quelques années, on devrait effectivement assister à des transactions de smartphone à smartphone, avec la possibilité de payer un commerçants mais sans doute également de transférer de l’argent à ses proches.
Selon une étude Accenture, le marché des terminaux de paiement est évalué à plus de 50 milliards de dollars dans le monde, et il pourrait encore croitre fortement de l’ordre de 18% par an, avec la démocratisation des paiements sans contact et du paiement par smartphone.
Le replay sur Bsmart : https://www.bsmart.fr/video/12417-smart-tech-partie-10-mars-2022