Alors que Jeff Bezos, le patron d’Amazon tire sa révérence, une nouvelle générations d’applications issues des réseaux sociaux mettent le cap sur le « social commerce »
JB - Vous savez que Jeff Bezos a quitté cette semaine la direction opérationnelle d’Amazon, ce géant du e-commerce créé en juillet 1994 à Seattle.
En un peu moins de 30 ans, Amazon est devenu un géant du capitalisme avec un chiffre d’affaires de 322 milliards de dollars en 2020, et une capitalisation de plus de 1600 milliards de dollars, à peine inférieure à celle d’Apple ou Microsoft.
Mais si Jeff Bezos a parfaitement anticipé des révolutions comme les marketplaces avec Amazon.com l’internet des objets avec Alexa ou encore le cloud computing avec AWS, le groupe n’est pas forcément le mieux placé pour profiter de l’émergence d’une nouvelle tendance qu’on appelle déjà le « social commerce »
Un e-commerce lié aux réseaux sociaux ?
JB - Oui, même si le rachat de Skype par eBay, il y a déjà une quinzaine d’années, préfigurait ce rapprochement, la convergence entre e-commerce et réseaux sociaux s’est faite ces 3 dernières années en Chine, notamment au sein de l’application de messagerie WeChat, et qui permet à son milliard d’utilisateurs de commander facilement leurs courses, un taxi ou de transférer de l’argent à leurs amis.
Mais en Chine, le social commerce se développe également au sein de l’application TaoBao, qui appartient au géant Alibaba, et qui permet à des influenceurs de faire la promotion de produits auprès de leur communauté. En 2020, l’influenceuse chinoise Viya, et ses 80 millions de fans, a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 6 milliards de dollars grâce à ses podcasts en live streaming.
Des succès qui n’ont d’ailleurs pas échappé à Tiktok, l’application la plus téléchargée en ce moment, et qui compte accélérer sur le e-commerce. En transformant les vidéos de ses influenceurs en émissions de télé-shopping, l’application chinoise pense pouvoir réaliser un chiffre d’affaires de 185 milliards de dollars dès 2022 !
Un modèle qui inspire le groupe Facebook ?
JB - Oui. Jusqu’à présent, le modèle économique de Facebook reposait principalement sur la publicité, mais le groupe entend à son tour accélérer son virage vers l’e-commerce, en multipliant les fonctionnalités de shopping et de paiement au sein de ses applications.
Ces derniers mois, le groupe a ainsi lancé la fonctionnalité « Shop » qui permet à une marque de vendre ses produits, via des applications comme Facebook, Messenger, Instagram ou prochainement WhatsApp. Et avec Reels, Instagram devrait clairement opter pour des formats s’inspirant des formats chinois de Taobao ou TikTok, transformant ainsi des « influenceurs » en véritables « vendeurs ».
Et rappelons que le groupe Facebook dispose d’une force de frappe phénoménale, avec Instagram ou Messenger, qui disposent de plus d’un milliard d’utilisateurs actifs chaque mois, ou encore avec WhatsApp ou Facebook.com, qui en revendiquent pour leur part plus de 2 milliards de MAU.
Un futur mobile first et social first ?
JB - Clairement. Si le mobile ne représente aujourd’hui que 40% des transactions e-commerce en France, selon les chiffres communiqués par la FEVAD, il pèse déjà plus de 80% des transactions en Chine, notamment grâce au succès des applications de social commerce.
Le poids de cet écran, et notamment des applications de messaging, est donc amené à exploser dans les prochaines années en Occident, accompagnant le succès de ces applications.
Si Amazon aura clairement dominé le e-commerce pendant un quart de siècle, on peut par contre anticiper que le groupe soit bousculé par de futurs champions du social commerce, qu’ils soient américains comme Facebook, mais surtout chinois comme Alibaba, Tencent ou Tiktok, avec en ligne de mire un marché e-commerce mondial, qui devrait atteindre 5000 milliards de dollars en 2021.