Un coup de pied dans une réalité qu'on préfère oublier.
Cet épisode n’a pas fait mentir la réputation de l’émission : le secteur de la téléphonie mobile a « pris cher ».
Avant de rentrer dans le vif du sujet, peut-être faut-il que vous regardiez le reportage, accessible sur Pluzz jusqu’au 11 novembre ou sur Youtube où la vidéo est déjà présente pour une durée indéterminée.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, peut-être faut-il que vous regardiez le reportage, accessible sur Pluzz jusqu’au 11 novembre ou sur Youtube où la vidéo est déjà présente pour une durée indéterminée.
Résumons :
- Les géants de la téléphonie mobile ont des conditions de travail dans les usines chinoises, qui feraient frémir Zola s’il était encore de ce monde.
- Les géants de la téléphonie mobile achètent des métaux rares dans des mines africaines aux conditions de travail inhumaines.
- Les géants de la téléphonie mobile achètent des métaux rares en sachant qu’une partie des capitaux qu’ils dépensent financent des révoltes armées locales.
- Les géants de la téléphonie utilisent des composants fabriqués en Asie par des usines qui détériorent l’écologie et la santé des populations locales.
On peut tourner autour du pot, établir un classement des marques les pires ou les moins pires, force est de constater que le système est mis en place, et qu’il semble bien rodé donc difficile à modifier sans conséquence boursière et commerciale.
CA FAIT MAL A LIRE HEIN, surtout sur un blog thématique… C’est pourtant la réalité du marché.
C’est mal. Oui. Qui peut prétendre le contraire ? Mais je suis persuadé qu’aucun des employés interviewés par les équipes d’Elise Lucet ne se sent oppresseur d’enfant ou assassin. Je pourrais ponctuer d’un « les cons ». Mais je n’aime pas insulter sans risquer moi aussi de me faire agonir d’injures. Parce que je suis moi aussi responsable à mon niveau, travailleur de cette industrie depuis plus de 15 ans et consommateur de leurs produits depuis 20 ans.
Des méthodes de reportages modernes qui irritent les pratiques business et augmentent le « show »
Comme j’aime bien analyser ce que je lis et entend je m’arrête d’abord sur la forme. Cash Investigation, a beaucoup beaucoup beaucoup appris de la méthode de reportage de Michael Moore : pour qu’un reportage touche, il faut l’humaniser. Parler avec des vrais gens qui nous parlent à nous spectateurs.
Ca nous percute en frontal, ça nous retourne les tripes plus que n’importe quel exposé de chiffres, de nombres ou de rapport d’ONG. Efficace à l’heure du partage affectif de l’info notamment sur les réseaux sociaux. C’est bien. C’est une méthode télévisuelle très adaptée au découpage en tronçons sur le web, et propice à relancer l’attention d’un téléspectateur à l’heure de la digestion du soir. Je goûte en connaisseur.
Le spectateur aime être bousculé, et non lénifié. Il aime rentrer dans les arcanes et avoir l’impression de déjouer un « grand complot » qu’on essaye de lui cacher. Sauf que dans ce cas, il n'y a pas vraiment de complot, et nous sommes tous un peu les responsables anonymes de la situation.
De Michael Moore, Cash Investigation récupère aussi la mise en scène des refus primaires (et un peu vains à l’heure des clashs sur twitter) des services de communication des marques mises sur la sellette. Puisqu’il y a refus (et donc absence de dialogue) on met en scène l’absence de dialogue comme un élément à charge à porter au dossier.
Dans le cas de l’émission d’hier, j’imagine que les journalistes ont pesé le pour et le contre de la méthode, et de la force des vérités à annoncer au différents PDG, avant que de les pointer directement sur les lieux de leurs grands raouts médiatiques. On se rappelle comment Moore avait alpagué le patron de Nike à l’époque de The Big One ou comment il cherchait à rencontrer le patron de GMotors pour son film Roger & me, et comment ce dernier fuyant, coupable, apparaissait plus veul que maillon d’un système économique quand Moore montait ses différentes tentatives pour le rencontrer.
Une méthode qui frappe l’audience du reportage, efficace, mais pas forcément neutre idéologiquement. Un reportage à charge. Dans le cas de Moore comme de Cash Investigation on pourra dire que nécessité fait loi…
Mais si je me mets deux secondes à la place d’un patron interrogé, je me dis : comment aurais-je réagi ? Je ne peux, par contrat avec mon employeur , dénigrer la marque qui m’emploie en public, de la même manière que je ne peux non plus dans le temps de l’altercation, proposer de m’asseoir et de lire le dossier accablant de la journaliste alors qu’on m’attend pour présenter un nouveau modèle. Je peux m’engager à ce que les choses changent oui, mais qui serait dupe d’un aveu acquis en deux secondes lors de l’arrivée d’Elise Lucet sur mon stand. En fait il n’y a aucune échappatoire. Je suis obligé d’apparaître salopard.
Peut-être la meilleure manière de réagir serait de l’assumer . Et me taire. Ca fait de moins jolies images, qui seront peut-être coupées au montage du reportage. Reste que du coup, dans la richesse de son investigation couplée à des atteintes directes les acteurs semblent au courant et complices d'un système bien huilé alors qu'ils sont surtout coincés dans leur rôle de défenseurs d’un système qui les dépasse largement, et au changement duquel ils n'ont de fait pas grand pouvoir en tant que responsable de la division française de la marque.
C’est la seule question que me pose la forme du reportage. C’est aussi, sans doute ce qui a agacé le numéro 1 de Huawei interrogé ce matin dans l’usine digitale, et qui ne décolère pas sur les pratiques des équipes de Lucet.
Ca nous percute en frontal, ça nous retourne les tripes plus que n’importe quel exposé de chiffres, de nombres ou de rapport d’ONG. Efficace à l’heure du partage affectif de l’info notamment sur les réseaux sociaux. C’est bien. C’est une méthode télévisuelle très adaptée au découpage en tronçons sur le web, et propice à relancer l’attention d’un téléspectateur à l’heure de la digestion du soir. Je goûte en connaisseur.
Le spectateur aime être bousculé, et non lénifié. Il aime rentrer dans les arcanes et avoir l’impression de déjouer un « grand complot » qu’on essaye de lui cacher. Sauf que dans ce cas, il n'y a pas vraiment de complot, et nous sommes tous un peu les responsables anonymes de la situation.
De Michael Moore, Cash Investigation récupère aussi la mise en scène des refus primaires (et un peu vains à l’heure des clashs sur twitter) des services de communication des marques mises sur la sellette. Puisqu’il y a refus (et donc absence de dialogue) on met en scène l’absence de dialogue comme un élément à charge à porter au dossier.
Dans le cas de l’émission d’hier, j’imagine que les journalistes ont pesé le pour et le contre de la méthode, et de la force des vérités à annoncer au différents PDG, avant que de les pointer directement sur les lieux de leurs grands raouts médiatiques. On se rappelle comment Moore avait alpagué le patron de Nike à l’époque de The Big One ou comment il cherchait à rencontrer le patron de GMotors pour son film Roger & me, et comment ce dernier fuyant, coupable, apparaissait plus veul que maillon d’un système économique quand Moore montait ses différentes tentatives pour le rencontrer.
Une méthode qui frappe l’audience du reportage, efficace, mais pas forcément neutre idéologiquement. Un reportage à charge. Dans le cas de Moore comme de Cash Investigation on pourra dire que nécessité fait loi…
Mais si je me mets deux secondes à la place d’un patron interrogé, je me dis : comment aurais-je réagi ? Je ne peux, par contrat avec mon employeur , dénigrer la marque qui m’emploie en public, de la même manière que je ne peux non plus dans le temps de l’altercation, proposer de m’asseoir et de lire le dossier accablant de la journaliste alors qu’on m’attend pour présenter un nouveau modèle. Je peux m’engager à ce que les choses changent oui, mais qui serait dupe d’un aveu acquis en deux secondes lors de l’arrivée d’Elise Lucet sur mon stand. En fait il n’y a aucune échappatoire. Je suis obligé d’apparaître salopard.
Peut-être la meilleure manière de réagir serait de l’assumer . Et me taire. Ca fait de moins jolies images, qui seront peut-être coupées au montage du reportage. Reste que du coup, dans la richesse de son investigation couplée à des atteintes directes les acteurs semblent au courant et complices d'un système bien huilé alors qu'ils sont surtout coincés dans leur rôle de défenseurs d’un système qui les dépasse largement, et au changement duquel ils n'ont de fait pas grand pouvoir en tant que responsable de la division française de la marque.
C’est la seule question que me pose la forme du reportage. C’est aussi, sans doute ce qui a agacé le numéro 1 de Huawei interrogé ce matin dans l’usine digitale, et qui ne décolère pas sur les pratiques des équipes de Lucet.
Je suis persuadé que l'attaque est une mauvaise approche de la communication de marque. Surtout après le reportage à charge, surtout à l’heure du buzz de « petites phrases » dont est si friand le web 2.0.
Parce que bon, reste un truc indéniable : la réalité des accusations.
J’y reviendrai.
Parce que bon, reste un truc indéniable : la réalité des accusations.
J’y reviendrai.
La stigmatisation d’un maillon d’une économie mondialisée à laquelle nous participons tous
Quant au fond… J’ai regardé d’un air de dégoût le téléphone génial que m’a donné il y a quelques années un constructeur à l’occasion d’un test que j’ai essayé de rendre objectif.
Je me suis senti mal dans la partie du reportage où je voyais les copains des médias tech, se faire allumer en creux par les équipes de tournage parce qu’ils étaient au Mobile World Congress, invités par un constructeur soucieux de communiquer sur ses nouveautés.
Puis j’ai pensé à me demander si je m’insurge aussi des journalistes qui montent dans les avions ministériels, ou si je dois critiquer les copains pour avoir été invités à un événement pour y exercer leur boulot de compte-rendu d’événement. Ben euh, non. Eux aussi doivent bouffer, et le voyage de presse n'a pas été inventé par les équipementiers coréens.
En fait comme sur le fond, le reportage est inattaquable, je me permets de pointer mon étonnement sur certains choix formels. Car comment penser autrement qu’avec dégoût à ces pratiques largement répandues dans le monde de la technologie portable. Comment ne pas crier haro sur les dirigeants qui tolèrent un tel commerce ? Oui mais…
Que je regarde mon poste de radio, mon réveil, ma télé, mon PC, ma voiture, ma console de jeu, les jouets de mes enfants, mon vélo, ma poudre de cacao matinal, mon pain… Et je pourrais y trouver les mêmes pratiques, transposées dans un autre secteur de la technologie, du commerce globalisé ensuite. Pourquoi le reportage ne s’attaque-t-il qu’à un des éléments d’un commerce dont nous pouvons tous faire semblant de découvrir qu’il a sa part d’ombre et de cadavres ? Je m'étonne que le secteur apparaisse si isolé dans le reportage alors que l'exploitation semble un phénomène sociétal. Pourquoi aussi l'enquête ne donne-t-elle aucune piste positive, aucun contrepoint; d'usines ou de sous-traitant plus méritant ou plus exemplaires qui eussent pu apparaître comme une voie d'amélioration ou au pire un exemple isolé à suivre? N'y en a-t-il vraiment pas un peu plus vertueux?
C'est sur le fond, le seul élément où je reste sur ma faim. Je ne sais pas s'il existe des voies alternatives que les constructeurs commencent à employer ou pourraient employer.
Puis-je m’insurger de mon smartphone et continuer à demander des tarifs abordables pour mon ordinateur de bureau ou un prix de l’essence à la pompe en hausse quand on touche au facteur écologique ou aux méthodes de production ? C’est le seul angle du reportage qui m’a un peu interloqué. Jamais il ne rappelle que c’est tout le secteur de la high tech qui a recours aux mêmes usines asiatiques contrôlées sans vraiment l’être, parce que ça arrange les marges des constructeurs mais aussi, parce que nous autres consommateurs voulons continuer à payer un prix raisonnable des produits qui jadis tenaient du luxe et de l’inabordable.
Sinon, nous autres consommateurs aurions déjà tous opté pour le fair phone et aurions arrêté de vouloir changer d’appareils techno tous les deux ans, parce que c’est has been, moins efficient ou plus assez bath dans les réunions entre copains branchés.
C’est mon seul regret du reportage, qui fustige avec argument de réalité le bloc émergé d’un iceberg dont nous contribuons tous un peu à agrandir la part immergée. Ah non il y en a un second, certes presque anecdotique au vu de l’ensemble des révélations. Quand les journaliste comparent le prix de fabrication et la marge des constructeurs, on a l’impression qu’il s’agit de bénéfices. Or non. A cette marge il faut ajouter les charges diverses et les frais qui de la livraison aux taxes en passant par le marketing pour nous séduire nous autres consommateurs avides, qui viennent grever cette marge… Et heureusement d’ailleurs.
Pour le reste… Oui toi aussi lecteur, tu es complice d’un système général qui exploite des gamins, handicape à vie des familles et la politique de pays africains, et nique l’écologie de la planète. Mais sérieux, avoue, dis-moi que tu ne le savais pas avant le reportage ? Allez promets-moi que tu n’achèteras plus de téléphone mobile autre qu’éthique et équitable et que tu répareras ton vieux tourne-disques . Non ? Ah bah alors c’est bien beau de pousser des cris d’orfraie…
Je me suis senti mal dans la partie du reportage où je voyais les copains des médias tech, se faire allumer en creux par les équipes de tournage parce qu’ils étaient au Mobile World Congress, invités par un constructeur soucieux de communiquer sur ses nouveautés.
Puis j’ai pensé à me demander si je m’insurge aussi des journalistes qui montent dans les avions ministériels, ou si je dois critiquer les copains pour avoir été invités à un événement pour y exercer leur boulot de compte-rendu d’événement. Ben euh, non. Eux aussi doivent bouffer, et le voyage de presse n'a pas été inventé par les équipementiers coréens.
En fait comme sur le fond, le reportage est inattaquable, je me permets de pointer mon étonnement sur certains choix formels. Car comment penser autrement qu’avec dégoût à ces pratiques largement répandues dans le monde de la technologie portable. Comment ne pas crier haro sur les dirigeants qui tolèrent un tel commerce ? Oui mais…
Que je regarde mon poste de radio, mon réveil, ma télé, mon PC, ma voiture, ma console de jeu, les jouets de mes enfants, mon vélo, ma poudre de cacao matinal, mon pain… Et je pourrais y trouver les mêmes pratiques, transposées dans un autre secteur de la technologie, du commerce globalisé ensuite. Pourquoi le reportage ne s’attaque-t-il qu’à un des éléments d’un commerce dont nous pouvons tous faire semblant de découvrir qu’il a sa part d’ombre et de cadavres ? Je m'étonne que le secteur apparaisse si isolé dans le reportage alors que l'exploitation semble un phénomène sociétal. Pourquoi aussi l'enquête ne donne-t-elle aucune piste positive, aucun contrepoint; d'usines ou de sous-traitant plus méritant ou plus exemplaires qui eussent pu apparaître comme une voie d'amélioration ou au pire un exemple isolé à suivre? N'y en a-t-il vraiment pas un peu plus vertueux?
C'est sur le fond, le seul élément où je reste sur ma faim. Je ne sais pas s'il existe des voies alternatives que les constructeurs commencent à employer ou pourraient employer.
Puis-je m’insurger de mon smartphone et continuer à demander des tarifs abordables pour mon ordinateur de bureau ou un prix de l’essence à la pompe en hausse quand on touche au facteur écologique ou aux méthodes de production ? C’est le seul angle du reportage qui m’a un peu interloqué. Jamais il ne rappelle que c’est tout le secteur de la high tech qui a recours aux mêmes usines asiatiques contrôlées sans vraiment l’être, parce que ça arrange les marges des constructeurs mais aussi, parce que nous autres consommateurs voulons continuer à payer un prix raisonnable des produits qui jadis tenaient du luxe et de l’inabordable.
Sinon, nous autres consommateurs aurions déjà tous opté pour le fair phone et aurions arrêté de vouloir changer d’appareils techno tous les deux ans, parce que c’est has been, moins efficient ou plus assez bath dans les réunions entre copains branchés.
C’est mon seul regret du reportage, qui fustige avec argument de réalité le bloc émergé d’un iceberg dont nous contribuons tous un peu à agrandir la part immergée. Ah non il y en a un second, certes presque anecdotique au vu de l’ensemble des révélations. Quand les journaliste comparent le prix de fabrication et la marge des constructeurs, on a l’impression qu’il s’agit de bénéfices. Or non. A cette marge il faut ajouter les charges diverses et les frais qui de la livraison aux taxes en passant par le marketing pour nous séduire nous autres consommateurs avides, qui viennent grever cette marge… Et heureusement d’ailleurs.
Pour le reste… Oui toi aussi lecteur, tu es complice d’un système général qui exploite des gamins, handicape à vie des familles et la politique de pays africains, et nique l’écologie de la planète. Mais sérieux, avoue, dis-moi que tu ne le savais pas avant le reportage ? Allez promets-moi que tu n’achèteras plus de téléphone mobile autre qu’éthique et équitable et que tu répareras ton vieux tourne-disques . Non ? Ah bah alors c’est bien beau de pousser des cris d’orfraie…
Le pointage de pratiques de communication héritées du XXe siècle
Ce qui m’a le plus étonné dans le reportage et ses « à côtés » c’est le passéisme des pratiques de communication générales du secteur. Certes je ne m’attends pas à ce qu’un patron arrive devant les caméras d’un journaliste et soutienne les yeux devant le monde « ouais je suis au courant de ces pratiques et je ne vais rien faire pour y remédier parce que c’est ce que demandent mes actionnaires, et même toi journaliste qui vient d’acheter la nouvelle mini caméra pour descendre dans la mine »… Ca ferait désordre.
Le patron de Wiko dans le reportage, ne s'en sort pas si mal, à encaisser ce qu'on lui assène, même si lui aussi se sort par la même pirouette que les autres: on fera édicter des chartes de production....
Mais quand même les gars : quelle gestion de la communication de crise à l’ancienne....
Ne pas réagir, en amont, se fendre de phrases assassines en aval… c’est « so passé », forcément ça entretient une certaine défiance du consommateur, qui après ce genre de reportage va au moins quelques semaines se sentir indigné. Un consommateur qui n’interrogera pas ses propres pratiques de consommation, mais se rappellera que le PDG de Huawei a pris la mouche contre les journalistes quand on l’a confronté aux problématiques éthiques de sa chaîne de production. Personne ne va se rappeler de la phrase du dessus où il s’est engagé à ne plus travailler avec cette usine.
Idem pour le constructeur d’excellents terminaux Nokia / Microsoft égratigné dans le reportage (pourquoi eux ? Je serais Panasonic et dans un moindre mesure Apple, j’aurais sabré le champagne après le reportage) pour un manque de transparence sur ses prestataires (mais qui donne tranquillement la liste de ses fournisseurs à ses concurrents ?) qui du coup se sent suffisamment attaqué pour répondre par voie de facebook, par une jolie lettre d’intention qui ressemble … Aux lettres d’intention évoquées par les journalistes dans le reportage, quand il s’agissait de jouer l’autruche ou langue de bois.
Le patron de Wiko dans le reportage, ne s'en sort pas si mal, à encaisser ce qu'on lui assène, même si lui aussi se sort par la même pirouette que les autres: on fera édicter des chartes de production....
Mais quand même les gars : quelle gestion de la communication de crise à l’ancienne....
Ne pas réagir, en amont, se fendre de phrases assassines en aval… c’est « so passé », forcément ça entretient une certaine défiance du consommateur, qui après ce genre de reportage va au moins quelques semaines se sentir indigné. Un consommateur qui n’interrogera pas ses propres pratiques de consommation, mais se rappellera que le PDG de Huawei a pris la mouche contre les journalistes quand on l’a confronté aux problématiques éthiques de sa chaîne de production. Personne ne va se rappeler de la phrase du dessus où il s’est engagé à ne plus travailler avec cette usine.
Idem pour le constructeur d’excellents terminaux Nokia / Microsoft égratigné dans le reportage (pourquoi eux ? Je serais Panasonic et dans un moindre mesure Apple, j’aurais sabré le champagne après le reportage) pour un manque de transparence sur ses prestataires (mais qui donne tranquillement la liste de ses fournisseurs à ses concurrents ?) qui du coup se sent suffisamment attaqué pour répondre par voie de facebook, par une jolie lettre d’intention qui ressemble … Aux lettres d’intention évoquées par les journalistes dans le reportage, quand il s’agissait de jouer l’autruche ou langue de bois.
Les gars, franchement, vous croyez que les consommateurs veulent avaler de telles déclarations, quand bien même elles sont sincères, après avoir vu de si près la réalité sociétale d’un secteur où on a parlé de gens qui meurent, de gamins exploités et de cancer généralisé?
J’aimerais d’ailleurs connaître le nombre de clics sur les liens inclus à votre post facebook : qui est allé au-delà du communiqué pour comprendre les engagements exacts de Nokia en matière d’éthique d’approvisionnement ? Nokia a trinqué. Et son communiqué de presse sent un peu la communication de crise en mode extinction de feu.
Que dire aussi des autres marques qui comme Samsung par exemple préfèrent ne pas donner de commentaire, de peur de sentir le vent du boulet ou se disant prudents que le soufflé ne mettra pas longtemps à retomber. So XX e siècle...
Vraiment, c’est ce qui me peine encore plus que les révélations du reportage, qu’à dire vrai je serais dupe de prétendre avoir découvertes, -mais coincé dans mon incapacité de consommateur occidental à me saisir de tous les combats éthiques de cette planète, pour un système que j’entretiens largement par ailleurs (dur à écrire cette phrase quand on pèse chaque mot)-, c’est qu’aucune marque n’ait choisi de communiquer sur l’ébauche d’un changement de mode de fonctionnement. En mode prise de conscience citoyenne.
Aurait-il été impensable entre le passage d’Elise Lucet et de ses équipes et la diffusion du reportage de mettre autour de la table des représentants du top 3 des vendeurs français pour s’accorder de mesures réelles de vérification des conditions de travail chez tel et tel sous traitant, de nous montrer la petite équipe mise en place par les géants du secteur pour infiltrer anonymement une usine choisie de commun accord avec les autres constructeurs afin d’ y constater les conditions de travail réelles et prendre les mesures simples liées à l’éthique, susceptibles de rassurer le consommateur (même un temps, je ne suis pas dupe non plus du mode de fonctionnement du système dans lequel je vis, au moins on aurait déjà gagné ça).
Etait-il impensable de prendre la parole sous une autre forme que le communiqué de presse impersonnel qui déshumanise tout le monde et frappe mille fois moins qu’un reportage à charge criant de vérité ? Les marques qui se seraient engagées dans cette voie n’en seraient-elles pas sorties grandies ? Alors que les prises de parole que je constate depuis lundi, contribuent à ternir leur image déjà bien écornée par le document.
Dommage. C’est une rencontre manquée avec le consommateur, et une preuve d’une industrie qui fonctionne encore tellement à l’ancienne, malgré la modernité de leurs produits. Mais qu'ils se rassurent, le consommateur a la mémoire courte quand il s'agit des produits de sa propre consommation. Peut-être jouer la montre est effectivement la meilleure stratégie long terme.
J’aimerais d’ailleurs connaître le nombre de clics sur les liens inclus à votre post facebook : qui est allé au-delà du communiqué pour comprendre les engagements exacts de Nokia en matière d’éthique d’approvisionnement ? Nokia a trinqué. Et son communiqué de presse sent un peu la communication de crise en mode extinction de feu.
Que dire aussi des autres marques qui comme Samsung par exemple préfèrent ne pas donner de commentaire, de peur de sentir le vent du boulet ou se disant prudents que le soufflé ne mettra pas longtemps à retomber. So XX e siècle...
Vraiment, c’est ce qui me peine encore plus que les révélations du reportage, qu’à dire vrai je serais dupe de prétendre avoir découvertes, -mais coincé dans mon incapacité de consommateur occidental à me saisir de tous les combats éthiques de cette planète, pour un système que j’entretiens largement par ailleurs (dur à écrire cette phrase quand on pèse chaque mot)-, c’est qu’aucune marque n’ait choisi de communiquer sur l’ébauche d’un changement de mode de fonctionnement. En mode prise de conscience citoyenne.
Aurait-il été impensable entre le passage d’Elise Lucet et de ses équipes et la diffusion du reportage de mettre autour de la table des représentants du top 3 des vendeurs français pour s’accorder de mesures réelles de vérification des conditions de travail chez tel et tel sous traitant, de nous montrer la petite équipe mise en place par les géants du secteur pour infiltrer anonymement une usine choisie de commun accord avec les autres constructeurs afin d’ y constater les conditions de travail réelles et prendre les mesures simples liées à l’éthique, susceptibles de rassurer le consommateur (même un temps, je ne suis pas dupe non plus du mode de fonctionnement du système dans lequel je vis, au moins on aurait déjà gagné ça).
Etait-il impensable de prendre la parole sous une autre forme que le communiqué de presse impersonnel qui déshumanise tout le monde et frappe mille fois moins qu’un reportage à charge criant de vérité ? Les marques qui se seraient engagées dans cette voie n’en seraient-elles pas sorties grandies ? Alors que les prises de parole que je constate depuis lundi, contribuent à ternir leur image déjà bien écornée par le document.
Dommage. C’est une rencontre manquée avec le consommateur, et une preuve d’une industrie qui fonctionne encore tellement à l’ancienne, malgré la modernité de leurs produits. Mais qu'ils se rassurent, le consommateur a la mémoire courte quand il s'agit des produits de sa propre consommation. Peut-être jouer la montre est effectivement la meilleure stratégie long terme.
Qu’attendre comme suite au reportage ?
Vraiment c’est toujours ce qui me désole quand je regarde des reportages qui me ramènent le nez dans le caca.
Ok et maintenant on fait quoi ?
J’ai de sérieux doutes quant à ma capacité et à celles de mes semblables à nous indigner durablement une fois qu’aura disparu l’image du mineur et de la famille de Baogang dans ma mémoire court-termiste.
Ok et maintenant on fait quoi ?
J’ai de sérieux doutes quant à ma capacité et à celles de mes semblables à nous indigner durablement une fois qu’aura disparu l’image du mineur et de la famille de Baogang dans ma mémoire court-termiste.
Les auteurs du reportage, évoquent le cas Nike cité en début de mon article, pour prouver qu’on peut changer les choses. Je trouve qu’il n’aborde pas assez les moyens pour nous autres consommateurs d’influencer la politique industrielle de nos marques préférées. En fait, le journaliste qui a levé le problème semble aussi dérouté que moi au moment d'apporter une solution à cette situation économique qui va de l'extraction des matières premières jusqu'à mon désir de possession d'un nouveau gadget.
Que me propose le reportage de Martin Boudot et Jules Giraudat pour faire pression sur le top 5 des vendeurs de téléphone comme Moore en son temps a fait pression sur Phil Knight ? Pas grand-chose. C'est la limite de l'exercice. On ne sait rien ou presque du fairphone évoqué dans le doc. J’imagine que certaines associations de consommateurs doivent avoir un poids plus grand que moi seul, spectateur indigné qui demain sera passé à autre chose, derrière mon écran. Quelles sont-elles ? Où les trouver ? Le reportage n’en dit rien. « Faites pression » nous disent les journalistes. Ok mais comment ? L’alerte est lancée, et maintenant on fait quoi si on a envie de changer les choses ou de voir comment elles ont changé ?
Comment entamer un dialogue constructif avec des marques que j’aime bien, pour que le changement éthique que tout un chacun appelle logiquement après la lecture d’un tel documentaire passe par autre chose que des invectives un peu triviales par Twitter ou Usine Digitale interposée ? Comment faire pour que les prestataires des équipementiers aillent réellement plus loin que la signature d’une charte peu contraignante dans les faits ? Comment faire surtout pour qu’à l’instar du recyclage, dont Nokia et quelques autres ont fait une valeur de communication, l’éthique de fabrication devienne une option marketable qui rentre dans le plan d’image des marques dont nous apprécions les produits.
Si un ou l’autre lecteur a des pistes, je suis preneur, et je relaierais. Idem pour les constructeurs, après la lecture de la présente.
De la même manière si le reportage ou sa construction vous ont évoqué des réactions, transmettez-les moi, je m'arrangerai pour les transmettre aux auteurs, avec espoir de réponse.
Que me propose le reportage de Martin Boudot et Jules Giraudat pour faire pression sur le top 5 des vendeurs de téléphone comme Moore en son temps a fait pression sur Phil Knight ? Pas grand-chose. C'est la limite de l'exercice. On ne sait rien ou presque du fairphone évoqué dans le doc. J’imagine que certaines associations de consommateurs doivent avoir un poids plus grand que moi seul, spectateur indigné qui demain sera passé à autre chose, derrière mon écran. Quelles sont-elles ? Où les trouver ? Le reportage n’en dit rien. « Faites pression » nous disent les journalistes. Ok mais comment ? L’alerte est lancée, et maintenant on fait quoi si on a envie de changer les choses ou de voir comment elles ont changé ?
Comment entamer un dialogue constructif avec des marques que j’aime bien, pour que le changement éthique que tout un chacun appelle logiquement après la lecture d’un tel documentaire passe par autre chose que des invectives un peu triviales par Twitter ou Usine Digitale interposée ? Comment faire pour que les prestataires des équipementiers aillent réellement plus loin que la signature d’une charte peu contraignante dans les faits ? Comment faire surtout pour qu’à l’instar du recyclage, dont Nokia et quelques autres ont fait une valeur de communication, l’éthique de fabrication devienne une option marketable qui rentre dans le plan d’image des marques dont nous apprécions les produits.
Si un ou l’autre lecteur a des pistes, je suis preneur, et je relaierais. Idem pour les constructeurs, après la lecture de la présente.
De la même manière si le reportage ou sa construction vous ont évoqué des réactions, transmettez-les moi, je m'arrangerai pour les transmettre aux auteurs, avec espoir de réponse.