AM - Pas de surprise majeure, pas d’usages imprévus de la part du grand-public. En revanche, ce qui est apparu très vite, c’est que le plan devient le mode d’accès privilégié, quand l’utilisateur a le choix.
La représentation de l’espace du centre commercial, de ses étages, et la visualisation des boutiques d’un coup d’œil nous apparaît dès lors comme ce qui convient le mieux à l’utilisateur d’un smartphone.
Même quand il est sur place, le client semble avoir envie de naviguer virtuellement en survolant les galeries avant de se mouvoir à nouveau dans l’espace réel. Il fait comme s’il était un oiseau posé sur une branche virtuelle dominant l’espace et dont les yeux traverseraient les murs et les plafonds.
La circulation du client dans l’espace de l’appli, qui privilégie le mode « plan » sur le mode « moteur(s) de recherche », nous montre que la majorité d’entre nous préfère lire l’espace directement, le saisir globalement, sans passer par des stades intermédiaires. L’usage de cet objet hyper-civilisationnel qu’est le smartphone est source d’un retour à des modes d’appréhension de l’espace qui sont au fond très naturels : et si le fin du fin de la techno était de nous libérer des contraintes de la techno ?
L'application Insiteo vient d'être approuvée par Apple. En attendez vous une accélération des usages dans les zone équipées ?
AM - L’effet iOS devrait être très simple et très brutal : une multiplication par 3 ou 4 des usages. Autrement dit, l’accélération du décollage des usages.
En effet, il faut dépasser les statistiques habituelles qui ne prennent en compte que les taux d’équipement par marques des possesseurs de smartphones. Ces données sont intéressantes mais limitées : elles ne disent rien des usages concrets. Or les usages ne sont pas les mêmes entre possesseurs de smartphones Apple et Android.
Si vous prenez par exemple les visiteurs d’un grand salon professionnel, pour lequel les pré-inscriptions systématiques permettent entre autres de connaître les caractéristiques du smartphone détenu, vous constatez que la répartition de l’équipement des visiteurs entre iOS et Android est proche de ce que l’on constate à un niveau macro-économique.
Pourtant, les taux de téléchargement des applications salons sont à peu près 4 fois plus importants sur Apple que sur Android. Les comportements, sur les chiffres que nous connaissons pour 2011 en tout cas, sont donc assez hétérogènes. Le fait de pouvoir étendre notre service aux iPhone est une excellente nouvelle pour le marché de la géolocalisation indoor. L’année 2012 est l’année du décollage concret.
A terme, pourrait-on imaginer une localisation indoor n'utilisant pas vos bornes ? Votre application pourrait-elle utiliser les réseaux Wifi, toujours plus nombreux ?
AM - L’avenir n’est jamais écrit, mais celui qui se dessine à ce jour n’est pas celui-là.
Depuis trois ans, nous adaptons sans cesse notre feuille de route aux conditions d’évolution règlementaires, technologiques et économiques. Le critère plus important qui nous guide depuis le début se situe dans la recherche du meilleur service que nous puissions rendre au plus grand nombre de consommateurs possible, à un prix le plus accessible possible. Sur ces trois paramètres, le Wifi n’est pas le meilleur pari.
Mais si le Wifi permettait dans deux ans de porter le service jusqu’à l’iPhone, à des conditions de précision inférieures au mètre (car il faut anticiper l’amélioration de la précision au fil des semestres), alors nous réviserons notre jugement : nous surveillons la météo, et nous la faisons en partie.
Enfin, répétons que la géolocalisation, c’est de la technologie, et que le plus important est la plateforme de services au consommateur que l’on a développée là-dessus : partage de position avec ses proches en temps réel, calcul d’itinéraires piéton gérant les transitions d’étages et les passages indoor-outdoor, alertes géo-localisées, etc. Nos clients sont bien plus attentifs à notre proposition en termes de valeur d’usage que de technologie.