​Anton Bielakoff, Lyra : « L’écosystème du paiement européen est à un tournant important »


Directeur général du groupe Lyra, Anton Bielakoff revient sur la « story » de ce spécialiste du paiement, à l’heure de la montée en puissance du mobile et de nouvelles fintechs



​Anton Bielakoff, Directeur Général de Lyra
La story Lyra a débuté en 2001 avec la sécurisation des terminaux de paiements. Comment s’organise désormais votre activité et vos revenus ?

Anton Bielakoff - En effet en 2001, notre cœur de métier était la sécurisation et l’acheminement des flux provenant des terminaux de paiement, mais très vite, notre activité s’est diversifiée pour devenir plus globale, couvrant monétique et paiement en ligne et associant tous les canaux. Aujourd’hui, avec un commerce de plus en plus unifié, l’ensemble de nos services se complètent parfaitement !

Pour la question des revenus, notre vision est là aussi globale : nous réalisons 40% de notre chiffre d’affaires à l’international (nous sommes présents sur 3 continents via 11 filiales). Nous connectons plus de 4 millions de TPE dans le monde, traitons et sécurisons plus de 20 milliards de paiements chaque année et notre solution de paiement est utilisée par 250 000 sites e-commerce dont 50 000 en France. Le groupe est autofinancé depuis sa création et investit massivement sur l’humain, la technologie et l’internationalisation pour accompagner les transformations du paiement. Nous avons une stratégie de croissance très forte sur le paiement en ligne qui s’appuie tout particulièrement sur notre établissement de paiement, Lyra Collect.
 
Avec la montée en puissance du smartphone et des « softPOS », les terminaux de paiement sont-ils condamnés à disparaitre ?

Anton Bielakoff - Cela fait plusieurs années que l’on parle de la fin des terminaux de paiement. Force est de constater qu’ils résistent bien ! D’une part, parce qu’ils répondent encore à un usage : les consommateurs restent attachés à leurs cartes bancaires, ce que la pandémie a renforcé avec le recul du paiement en espèces. D’autre part, le marché des terminaux de paiement ne cesse d’évoluer et de se digitaliser. Les TPE Android, par exemple, beaucoup plus ouverts et sur lesquels nous proposons notre application de paiement à distance, permettent d’élargir le champ des possibles des terminaux de paiement et d’accompagner aussi la révolution du commerce. Il y a donc, côté TPE, des évolutions majeures à suivre.
 
En Chine, les acteurs bancaires semblent avoir été pris de vitesse par les acteurs du digital comme Tencent ou Alipay. Qu’anticipez-vous en Europe ? Les « Super Apps » peuvent-elles remplacer nos banques ?

Anton Bielakoff - Les habitudes de consommation en Europe sont très différentes. Cependant, il y a un précédent : ce n’est pas récent, mais PayPal nous a bien prouvé que les consommateurs sont prêts à adopter rapidement de nouveaux moyens de paiement, s’ils répondent à un besoin existant et si leur usage est simple. Il y a donc un risque fort en Europe aussi. 

Et c’est un risque que nous mesurons d’autant plus aujourd’hui car l’écosystème du paiement européen est à un tournant important, avec l’application de la deuxième directive européenne sur les services de paiement, la fameuse DSP2, qui entend favoriser la création d’un nouveau moyen de paiement paneuropéen, l’initiation de paiement. 

Face aux réseaux internationaux notamment Visa et Mastercard, l’initiation de paiement, pourrait largement devenir une « Super App » et donc occuper le terrain européen. Mais pour cela, il faudrait que l’initiation de paiement soit réellement soutenue par les banques et portée par une vraie stratégie de marque commerciale européenne. 

Donc il faut une vision collective pour un projet qui s’inscrit dans le développement d’une Europe des paiements dont on parle depuis longtemps mais qui semble encore loin.


 

Pionnier de la presse en ligne avec le lancement de NetEconomie.fr en 1999, Jérôme Bouteiller est… En savoir plus sur cet auteur

Tags : lyra paiement
Lundi 27 Juin 2022

A lire également