Nicolas Guieysse
Que pèse l'AFMM et ce marché de la facture opérateur ?
NG - L'AFMM est une association regroupant opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, COLT, ATOS, Prosodie, Rentabiliweb, etc…), associations de professionnels (FFT, ACSEL, GESTE, MMA France, AFRC, GPMSE, APNF, …) et pouvoirs publics (la DGCCRF et l’ARCEP sont observateurs) et réunissant tout l'écosystème du paiement sur facture opérateur : SMS+, Internet+ et désormais les SVA depuis notre fusion avec l'association SVA+.
En 2016, nous estimons ce marché à environ 2 milliards d'euros tous canaux confondus, dont 600 millions d’euros pour le paiement sur facture mobile. Et nous estimons que le paiement sur facture mobile pourrait encore grossir pour atteindre les 2,6 milliards d'euros en 2025, notamment grâce à l'engouement des mobinautes pour les applications, et aux nouveaux usages que nous sommes en train de développer.
Mais ce marché des applications ne profite t'il pas avant tout aux GAFAs et aux grands kiosques de téléchargement ?
NG - Détrompez vous. Google par exemple dispose rarement des coordonnées bancaires des utilisateurs de smartphones Android et s'appuie majoritairement sur les opérateurs pour facturer les paiements in-app.
Et même Apple, qui demande pourtant systématiquement les coordonnées bancaires de ses utilisateurs, a également tendance à se rapprocher des opérateurs comme c'est déjà le cas au Japon ou dans d’autres pays européens.
Et avec la démocratisation des abonnements pour accéder à des services musicaux ou vidéo, la facture opérateur est bien plus pérenne qu'un numéro de carte bancaire, qu'il faut assez régulièrement mettre à jour.
Comment expliquez vous l'échec de Gallery et le succès des kiosques d'Apple et Google alors que la France avait pourtant inventé ce modèle avec le Minitel ..
NG - C'est vrai qu'avec le Minitel, la France avait imaginé un écosystème de services payants, avec un partage de la valeur à 70/30% au profit des éditeurs, qui n'est pas sans rappeler celui mis en place par Apple ou Google avec leurs App Stores.
Et c'était précisément l'ambition de Gallery, de proposer un écosystème de services payants pour l'internet mobile, comparable à ce que nous avions pu mettre en place pour l'audiotel ou le SMS+. Mais le marché a changé avec l'arrivée des smartphones et des kiosques de téléchargements, et les portails des opérateurs et Gallery ne sont plus la porte d’entrée privilégiée de l’Internet mobile.
Mais même si Gallery ferme progressivement, nos membres partagent toujours la même ambition de démocratiser le paiement sur facture opérateur, notamment en proposant des parcours client les plus homogènes possibles.
Pourriez vous aller au delà du micropaiement et prendre en charge n'importe quel achat sur une facture opérateur ?
NG - Nous sommes effectivement issus du micropaiement, avec un modèle économique plus adapté à la facturation d'un téléchargement à quelques euros, qu'à l'achat d'un produit de 500 euros. Mais nous avons effectivement l'ambition d'élargir la facture opérateur à de nouveaux biens et services, sachant que la loi plafonne toutefois ces transactions à 50 euros par achat, ou à 300 euros par mois.
La facture opérateur permet par exemple depuis peu de collecter des dons pour des associations et pourrait permettre demain de payer des tickets de transport, afin de contribuer à leur dématérialisation.
Par ailleurs, certains opérateurs disposent désormais de licences bancaires, ce qui devrait leur permettre de proposer l'ensemble des solutions de paiement, tant pour le "micro paiement" via une facture, que pour du paiement traditionnel, via une carte bancaire ou un wallet.
Le modèle fremium se généralise. Est-ce que l'AFMM pourrait demain s'occuper de publicité pour couvrir l'ensemble des problématiques des éditeurs ?
NG - Nous venons tout juste de finaliser la fusion avec SVA+ et notre priorité est de restructurer l'écosystème, qui souffre parfois de certaines dérives, et de promouvoir le paiement sur facture opérateur.
Mais vous avez raison de souligner que les deux sujets sont proches. Pendant longtemps, les plus grandes régies mobiles étaient celles de Orange, SFR ou Bouygues. Et les principaux annonceurs étaient précisément les éditeurs de services utilisant les solutions de paiement sur facture opérateur.
Les deux écosystèmes ont évolué ce qui ne nous empêche toutefois pas d'être proches de la Mobile Marketing Association France, qui est membre de l'AFMM, et avec qui nous avons récemment collaboré sur le baromètre du paiement mobile.
Les deux écosystèmes ont évolué ce qui ne nous empêche toutefois pas d'être proches de la Mobile Marketing Association France, qui est membre de l'AFMM, et avec qui nous avons récemment collaboré sur le baromètre du paiement mobile.