Julie Chapon : « Dans quelques années, j’espère que Yuka n’existera plus »


Co-fondatrice de Yuka, Julie Chapon revient sur la success story de cette application analysant la composition de millions de produits, et partage sa vision d’un futur toujours plus transparent.



Quelle est la recette de Yuka pour remporter un tel succès ?

JC - Yuka, c'est une application qui permet de scanner les produits, utilisée plus de 3,5 millions de fois par jour, et qui scanne 75% de produits alimentaires et désormais plus de 25% de produits d’hygiène.

Il y avait un vrai besoin de transparence de la part des consommateurs, en raison de nombreux scandales dans l’agro-alimentaire. Nous avons eu la chance d’arriver au bon moment pour répondre à ce besoin.

Notre méthode de notation est basée sur 3 critères. D’une part la qualité nutritionnelle, qui représente 60% de la note, d’autre part la présence d’additifs dans le produits, et qui représente 30% de la note, et enfin la dimension biologique du produit, qui représente 10% de la note.

On va également regarder si le produit dispose d’un label bio en Europe ou la présence d’ingrédients à risque, afin que notre algorithme attribue une note au produit.

Des algorithmes alimentés par quelles données ?

Depuis sa création, Yuka est une application collaborative qui s’appuie sur une base de données alimentée et enrichie par nos utilisateurs. Par exemple, quand un utilisateur scanne un produit qui n’est pas reconnu, il peut créer une fiche et rajouter des informations. Et ensuite, l’équipe de Yuka retraite l’information, vérifie les données afin d’établir la note du produit.

Nous avons de plus en plus de demandes d’industriels, qui veulent nous fournir les données et les informations de leurs produits, et qui s’attendent une mise à jour de leur recette, pratiquement en temps réel.

Or la maintenance de notre base de données, qui compte 1 million de produits, scannés 3,5 millions de fois par jour, représente déjà un énorme travail, qui occupe 3 personnes à temps plein. Pour les industriels, il est plus simple de fournir leurs recettes et leurs compositions à Alkemics, car ces données sont automatiquement transmises à notre base, sans avoir besoin de nous solliciter.

Nous allons d’ailleurs travailler avec cette plate-forme qui va énormément nous aider à maintenir à jour notre base de données dans le cadre de notre internationalisation.

Quel futur pour Yuka ?

JC - Dans quelques années, 20 ou 30 ans, j’espère que Yuka n’existera plus. Parce que si on existe encore, c’est qu’on aura pas réellement rempli notre mission qui est de pousser les industriels à faire de meilleurs produits et à mettre sur le marché des produits plus sains.

A moyen terme, on aimerait aussi que Yuka explore de nouvelles dimensions, comme les questions sociétales ou environnementales, afin de fournir une information toujours plus complète sur les produits que l’on achète. On espère pouvoir répondre à ces questions dans les prochaines années.

 


Pionnier de la presse en ligne avec le lancement de NetEconomie.fr en 1999, Jérôme Bouteiller est… En savoir plus sur cet auteur

Vendredi 19 Juin 2020

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