Après la 5G, les opérateurs se lancent dans les API


Retrouvez la chronique Mobile Business, diffusée dans le dernier numéro de Smart Tech, l'émission de Delphine Sabattier sur BSMART



👩🏻‍🦰 - Et pour conclure, c’est l’heure de notre chronique Mobile Business, animée par Jérôme Bouteiller, fondateur de EcranMobile.fr, qui se penche cette semaine sur les API des opérateurs. Mais au fait, c’est quoi des API ?
 
Bonjour Delphine ! En informatique, une interface de programmation d’application, ou « application programming interface » - API en anglais - est une sorte de façade par laquelle un logiciel offre des services à d'autres logiciels. (Définition Wikipedia)
 
Comme des briques de lego, ces API standardisées permettent d’enrichir un site web ou une application, avec des données ou des fonctionnalités supplémentaires. 
 
Et elles peuvent être fournies aussi bien par des géants de l’informatique comme Microsoft, IBM ou Oracle,  des géants de l’internet, comme Google, Amazon ou Facebook, et désormais par des opérateurs télécom, ceux qui nous proposent normalement de la fibre optique ou de la 5G.
 
👩🏻‍🦰 - Qui est à l’origine de cette initiative ?
 
C’est une initiative de la GSMA, l’association qui réunit les opérateurs du monde entier, et qui vise à faire émerger de nouveaux services à valeur ajoutée depuis les réseaux 5G. Cette GSMA s’est associée à la fondation Linux, dans le cadre d’un projet baptisé CAMARA, afin de standardiser une centaine d’API permettant de simplifier, d’optimiser ou fiabiliser la conception d’applications ou de services en ligne.
 
Le projet a été annoncé en février dernier, lors du Mobile World Congress, et il réunit déjà de grands noms de l’informatique et des télécoms tels que Microsoft, AWS, Oracle, Nokia, Telefonica, Vodafone ou Ericsson.  
 
En France, Orange, SFR et Bouygues Telecom commercialisaient déjà depuis 5 ans une première génération d’API sous la marque Mobile ID mais ils viennent d’annoncer le lancement sur le marché français de cette seconde génération d’API « Camara ». Ils sont d’ailleurs rejoints par Free, ce qui devrait offrir à ces API une couverture quasi complète des mobinautes français.
 
👩🏻‍🦰 - Pour quel usage ?
 
Le premier usage, c’est la lutte contre la fraude. Des solutions d’authentification forte à deux facteurs, comme le SMS OTP (One Time Password) ou les notifications, sont aujourd’hui insuffisantes pour face à une nouvelle génération de fraudeurs, qui parviennent à se faire passer pour votre conseiller bancaire, à récupérer vos codes et ainsi vider vos comptes bancaires.
 
Les banques, qui peuvent être jugées responsables de ces failles, sont donc à la recherche d’alternatives et c’est là que les Telco API ont tout leur intérêt. Ces API peuvent vérifier que le mobile qui se connecte à votre compte bancaire est bien celui correspondant à votre numéro. 
 
Elles peuvent également vérifier la cohérence entre les coordonnées saisies et les coordonnées que l’opérateur connait sur vous ou vérifier que votre SIM n’a pas été changé récemment, ce qui serait suspicieux en cas d’opération bancaire majeure.
 
👩🏻‍🦰 - Et au delà de la fraude ?
 
Le premier marché, ce sera effectivement la sécurité informatique. 80 % des entreprises françaises déclarent avoir subi des tentatives de fraude en ligne avec une hausse de plus de 40% depuis quelques années mais les opérateurs anticipent une grande variété d’usages. 
 
Cela peut par exemple être des services de géolocalisation, qui ne s’appuieraient pas sur les satellites, mais sur la triangulation des réseaux cellulaires. Il y a également des API pour évaluer la taille d’une foule ou calculer une densité de population. 
 
Il y a enfin de très nombreuses API visant à simplifier la saisie de données en ligne ou optimiser la qualité de la bande passante, afin de procurer la meilleure expérience utilisateur, l’UX, à des mobinautes. Les usages seront très variés.
 
👩🏻‍🦰 - Ces Telco API, un gros business ?
 
Selon des projections du cabinet ABI Research, ce nouveau segment de marché des Telco APIs pourrait générer 13,4 milliards de dollars de revenus d’ici 2028 dont 5,3 milliards pour des API de sécurité, 5 milliards pour l’analyse de la qualité des réseaux ou encore 3 milliards pour du NaaS, du « network as a service ».
 
Les principaux opérateurs du monde entier prévoient d’ailleurs de lancer un joint venture avec Ericsson, sans doute en février prochain lors du Mobile World Congress, afin de commercialiser ces API auprès des développeurs du monde entier.


A voir en vidéo sur Bsmart https://www.bsmart.fr/video/26692-smart-tech-06-janvier-2025


Pionnier de la presse en ligne avec le lancement de NetEconomie.fr en 1999, Jérôme Bouteiller est… En savoir plus sur cet auteur

Tags : API
Lundi 6 Janvier 2025

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